Conseils communautaires Guadeloupe : qui sont les traîtres ?


Conseils communautaires Guadeloupe : qui sont les traîtres ?

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Article N°24286

Conseils communautaires Guadeloupe : qui sont les traîtres ?

Depuis l’installation des six communautés d’agglomération et de communes de l’archipel, la longue période électorale, qui a rythmé la vie politique locale, est terminée. Disons plutôt presque terminée. Et pour cause ! Des recours visent l’annulation des élections dans plusieurs communes. Et depuis, cette semaine, l’un concerne une communauté d’agglomération, le Nord Basse-Terre. Ce serait le résultat d’une erreur de la préfecture, qui aurait mal réparti les conseillers communautaires de Lamentin, en attribuant sept sièges au lieu de huit au groupe du maire Jocelyn Sapotille, soit deux au lieu d’un, au groupe de José Toribio. Deux ! C’est justement le nombre de voix qui a permis à Guy Losbar de remporter la présidence de cette agglomération.


 

SAPOTILLE JOUE-T-IL CONTRE SON CAMP ?

Inutile de dire que si le socialiste Adrien Baron avait gagné, il n’y aurait peut-être pas eu de recours de la part de Jocelyn Sapotille, son camarade de parti, président sortant de l’agglomération. Vert de rage en écoutant la déclaration de son successeur, concernant l’absence d’esprit communautaire qui a régné tout au long de la dernière mandature — période durant laquelle la ville de Petit-Bourg aurait été mise à l’écart — Jocelyn Sapotille a donc l’occasion de permettre à ses amis socialistes de reconquérir la présidence de cette communauté d’agglomération.
Pourtant, il n’a pas hésité à lancer ce pavé dans la marre, qui a éclaboussé sa voisine de Sainte-Rose, Claudine Bajazet, accusée d’avoir trahi et vendu son âme à Guadeloupe unie solidaire et responsable (GUSR). Autrement dit, il a choisi de laver son linge sale en public. Tout ce qu’il faut pour diviser son camp et donc l’affaiblir. C’est à se demander pour qui joue-t-il ? N’est-il pas envisageable qu’il annonce prochainement que, compte tenu de ces trahisons, il quitte le PS, comme il a annoncé son refus de la présidence de la CANBT, au motif qu’il n’avait pas les moyens de sa politique, comme s’il ne le savait pas avant ? Ainsi, il retrouverait sa liberté…

TORIBIO PEUT-IL VOTER POUR LE CAMP SAPOTILLE-LUREL ?

En regardant la répartition des élus communautaires, on peut constater que les deux groupes, Socialistes et apparentés d’une part, et GUSR et alliés (divers droite et divers gauche compris) d’autre part, sont au coude à coude en terme de sièges, comme le résultat 22-20 le confirme.
Deux élus (José Toribio et sa jeune colistère Sarah Magalatchoumy) restaient inclassables avant l’élection. Est-il possible que José Toribio et sa protégée puissent voter pour le camp de Jocelyn Sapotille et de Victorin Lurel, et du coup renforcer l’ennemi ? Certes, José Toribio était assis à côté d’Adrien Baron. Par conséquent, ce dernier avait la possibilité de voir ce qu’il écrivait sur le bulletin. Mais alors, qui peut affirmer que lorsque José Toribio s’est levé en pleine opération de vote pour aller aux toilettes, il n’en a pas profité pour changer son vote ? Qui peut en apporter la garantie ? Qui peut dire si Sarah Magalatchoumy a voté Adrien Baron, en étant assise à l’extrémité de la table d’honneur, à l’écart des yeux indiscrets ?
D’ailleurs, cela pose la question de l’absence d’isoloir dans ce genre d’élection, soit disant à bulletin secret. Seul le Grand Sud Caraïbe avait prévu le passage obligatoire à l’isoloir.

CLAUDINE BAJAZET A-T-ELLE INTÉRÊT À S’ISOLER


Claudine Bajazet et Adrien Baron se sont montrés très complices durant toute la soirée d’élection.

Autre question : après la mandature exécrable qu’a vécu Claudine Bajazet — lâchée par une grosse partie de ses adjoints — quel serait son intérêt de se débarrasser d’Adrien Baron et d’affaiblir le Parti socialiste, qui ont largement contribué à sa victoire ? En s’isolant de la sorte ne ferait-elle pas que se livrer aux loups qui sont si nombreux à rêver de la mettre en charpie ? Et parmi ceux-ci, Fauvert Savan, qui se voyait déjà maire, cette année. Quel serait l’intérêt de ce dernier d’offrir la présidence de l’agglomération, un poste stratégique, à un duo qu’il a combattu sans relâche ? Il faudra que les sommités de l’analyse politique, les politologues experts et autres grands journalistes politiques nous expliquent tout cela.
Claudine Bajazet accusée de trahison ! Le sujet a, en tout cas, fait le buzz sur les réseaux sociaux. Mais ce n’est pas la seule à avoir été attaquée de la sorte, sans qu’on puisse en apporter la preuve, eu égard au caractère secret du vote.

ABELLI A-T-IL ENFREINT LA LOI ?


Thierry Abelli, accusé de bafouer l’esprit communautaire.

Le premier théâtre de ce genre d’accusations a été le Grand Sud Caraïbe. Elles sont venues des partisans des Socialistes et apparentés de ce territoire. Ils ont multiplié les tracts (anonymes bien sûr) sur les réseaux sociaux. Impossible pour eux d’accepter que les élus socialistes majoritaires dans cinq communes (Basse-Terre, Baillif, Saint-Claude, Vieux-Habitants et Terre-de-Haut) soient mis à l’écart.
Thierry Abelli, nouveau président, de la CASGC, majoritaire grâce à l’alliance entre les élus divers droite et GUSR, a constitué son bureau sans adversité ; les socialistes n’ayant pas présenté de candidat. Ainsi, des élues comme Marie-Luce Penchard (Baillif) et Sylvie Gustave-dit-Duflo (Baillif), recalées par les électeurs se retrouvent vice-présidentes. Ce n’est pas nouveau puisque Marie-Lucile Breslau (Baillif) avait déjà bénéficié d’un repêchage similaire en 2014, sous Lucette Michaux-Chevry, au grand dam de Marie-Yveline Ponchateau, fraîchement élue. La loi ne l’interdit aucunement, n’en déplaise aux Socialistes. Malgré tout, cela n’a pas empêché les adeptes des réseaux sociaux de vilipender ces deux candidates élues démocratiquement.

ANSELME ET EDMOND : QUEL EST LEUR CRIME ?


Jacques Anselme a été une des chevilles ouvrières de la campagne de Jean-Louis Francisque. Pouvait-il le lâcher une fois la victoire obtenue ?

Beaucoup moins cependant que deux autres élus de ce bureau : Jacques Anselme et Claude Edmond. Photos à l’appui ils ont été qualifiés de traîtres ! Leur crime : être les seuls ayant un lien avec les Socialistes à faire partie de ce bureau communautaire.
Jacques Anselme est le premier vice-président du conseil départemental à majorité socialiste et Claude Edmond, élu maire de Gourbeyre, a été soutenu dès le premier tour par la Fédération guadeloupéenne du Parti socialiste (FGPS).
Sauf que les deux ont aussi des liens étroits avec GUSR. Le premier a été élu sur la liste de Jean-Louis Francisque, nouveau maire de Trois-Rivières. Le second a fait alliance, au second tour, avec le candidat investi par GUSR, Leïli D’Alexis.
S’ils ont trahi, ce n’est donc pas lors de ce conseil communautaire, mais bien plus tôt. Or, à aucun moment la FGPS n’a exclu Jacques Anselme et n’a retiré son soutien à Claude Edmond. Le premier vice-président du Département a été une des chevilles ouvrières de la campagne de Jean-Louis Francisque contre Hélène Vainqueur, la députée socialiste. Présent dans presque toutes les réunions de quartier bien avant le lancement de la campagne, il n’a jamais caché son positionnement. Alors comment voulez-vous qu’il vote contre GUSR à Grand Sud Caraïbe ? Idem pour Claude Edmond, élu grâce à GUSR à Gourbeyre ?

LA STRATÉGIE DES SOCIALISTES EN QUESTION


Hilaire Brudey, secrétaire fédéral du Parti socialiste et maire de Terre-de-Haut

Les maires socialistes des cinq communes dont les élus ne sont pas représentés dans ce bureau ont le droit de le faire remarquer. Cela paraît anormal si l’on prend à la lettre l’esprit qui doit animer l’intercommunalité, mais est-ce la faute de Thierry Abelli ?
L’erreur des Socialistes et apparentés, sachant qu’ils étaient minoritaires en sièges, n’a-t-elle pas été l’absence d’initiative pour constituer une liste d’union, sur la base de l’esprit communautaire sachant dans quelle situation se trouve l’agglomération ? Une telle tentative aurait sans doute avorté, compte tenu de la terrible — et c’est peu dire — campagne basse-terrienne ? Mais qui sait ? Aux Abymes, ce n’était pas mieux. Pourtant, tout le monde a vu Olivier Serva et Eric Jalton ensemble, alors que ce dernier n’avait besoin de personne pour imposer un conseil communautaire de son choix et exclure les majorités de Pointe-à-Pitre et de Baie-Mahault. En optant pour une large majorité et la participation des six groupes au bureau communautaire, il a fait preuve d’intelligence. Même schéma, du côté du Moule, où Gabrielle Louis-Carabin, dès lors qu’elle a su que Jean Bardail était candidat, s’est retirée. Elle a même encouragé l’élection d’un candidat du groupe de Justine Bénin à ce bureau communautaire, au risque de faire des mécontents dans son propre camp.
C’est cette ouverture d’esprit qui a manqué à Thierry Abelli. Comment un maire si jeune peut-il agir à la manière des vieux élus qui ont fait tant de mal à cette région ? Ne devrait-il pas s’émanciper de ses mentors pour offrir une autre image de la politique dans le Sud Basse-Terre ? Heureusement que tout n’est pas perdu. Il a six ans pour se rattraper. Alors qu’il fasse ce qu’il faut avec les hommes et femmes qui l’entourent, et dont certains ont sûrement de réelles qualités.

INTÉRÊT COLLECTIF ET AMBITION PERSONNELLE


Christian Baptiste n’a pas vu arriver Cédric Cornet dans son dos.

Des qualités, c’est ce qu’il faudra justement à Cédric Cornet pour réaliser toutes les promesses qu’il a faites. Elles sont écrites et claires. Et comme Thierry Abelli, il a choisi ses adversaires. Ce seront les élus de la majorité saintannaise, plébiscités par les électeurs. Un choix dénoncé par son adversaire, le maire de Sainte-Anne, Christian Baptiste. Dans un communiqué de presse, il déclare « constater que l’esprit et l’intérêt communautaire ont été bafoués » et dit attendre « les propositions faites par la 3e vice-présidente, issue de la minorité (Nicole Solvar épouse Sinivassin), qui a fait le choix, dans un esprit de revanche, de sacrifier les intérêts de notre ville pour une ambition personnelle. »
La question qu’il convient de poser est : qui pense réellement à l’intérêt collectif avant de penser à son ambition personnelle quand il s’engage en politique ? Sans doute pas grand monde. En tout cas, cousin Baptiste et cousine Solvar auraient sans doute déjà trouvé un terrain d’entente depuis le temps qu’ils se battent sur le ring politique.
Comme quoi, en politique, seuls les intérêts stratégiques personnels pour arriver au pouvoir comptent. Après, il faut travailler à consolider ses acquis et préparer sa réélection. Par conséquent, d’une manière ou d’une autre n’importe qui, est toujours amené à trahir ou à bannir quelqu’un et souvent c’est le peuple.

 

 


MG

Lien :www.2020-ruedelamairie.fr

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