La fédération guadeloupéenne du Parti socialiste devrait dévoiler officiellement sa tête de liste en vue des prochaines élections régionales demain (jeudi 4 mars 2021). La décision pourrait être prise dès ce mercredi soir, à l’occasion d’une réunion interne. Les candidats à la candidature étaient au nombre de neuf. Beaucoup trop. Il a fallu donc faire le tri et ainsi éviter de créer de grosses dissensions au sein du parti. Hilaire Brudey, le premier secrétaire fédéral, n’étant pas candidat lui-même, avait toute liberté pour bien mener les opérations. Après moult discussions, deux noms sont sortis du lot : Josette Borel-Lincertin, présidente du conseil départemental et secrétaire nationale aux Outre-mer pour le PS, et Jocelyn Sapotille, maire de Lamentin et président de l’Association des maires de Guadeloupe. Deux fortes personnalités de l’échiquier politique local mais bien différentes. Voyons leurs forces et faiblesses.
Josette Borel-Lincertin brandit son bilan.
Josette Borel-Lincertin a déjà occupé les fonctions de présidente de la Région Guadeloupe. C’était de 2012 à 2014, en remplacement de Victorin Lurel, alors ministre des Outre-mer du gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Auparavant, elle avait occupé la fonction de première vice-présidente de la Région, dès 2004, après la prise du pouvoir du leader charismatique des Socialistes de Guadeloupe. C’est dire qu’elle connaît bien les arcanes de l’assemblée régionale.
Depuis 2015, elle est présidente du conseil départemental. Et de l’avis de la plupart des observateurs de la politique locale, son bilan à la tête du Département est plutôt réussi. Sa gestion financière est correcte. Son engagement dans la résolution des problèmes de l’eau n’est pas passé inaperçu non plus. Idem pour son implication face à la crise sanitaire engendrée par l’épidémie du coronavirus, et notamment une de ses conséquences : l’augmentation du nombre d’allocataires du RSA.
Jocelyn Sapotille face à sa gestion des finances.
On ne peut pas attribuer le même bilan à Jocelyn Sapotille. En sa qualité de président de la communauté d’agglomération du Nord Basse-Terre, il a laissé une situation financière catastrophique : un déficit de 4,7 millions d’euros. Dans sa commune, Lamentin, il a trouvé un compte administratif excédentaire. Mais quatre ans plus tard, la situation financière s’est considérablement dégradée, si l’on se réfère aux avis de la Chambre régionale des comptes (CRC) sur le budget primitif 2019 (déficit de 8,1 M€) ou sur le compte administratif 2018 (déficit de 6,2 M€), sans oublier un déficit de trésorerie de 7,1 M€.
Il a cependant pu redresser la barre en 2020 en vendant le patrimoine immobilier de la commune (page 10 de l’avis de la CRC sur le budget), ce que l’on peut analyser comme un appauvrissement de la commune. Par ailleurs, il est sous la menace d’un recours au Conseil d’État, après que le tribunal a annulé sa réélection à tête de la commune. L’appel interjeté par Reinette Juliard pourrait conduire à son inéligibilité.
Ces éléments peuvent emmener les militants socialistes à se poser quelques questions avant de faire leur choix. En revanche, Jocelyn Sapotille a un très grand talent : il sait convaincre son auditoire. Or, en politique, c’est souvent la communication qui fait la différence, bien plus que le bilan.
Faire le bon choix
Quand il faudra choisir la tête de liste la mieux armée pour affronter sur le terrain, les autres adversaires à ces élections régionales, dont Ary Chalus, le président sortant, il faudra compter avec lui. Il peut être, en effet, le meilleur choix pour les socialistes, au détriment de Mme Borel-Lincertin, qui peut, par moment, apparaître trop douce, trop consensuelle, moins battante.
D’autant plus que sa longue vie de travail acharné au service des autres (17 années d’action au sein des deux collectivités majeures de l’archipel, après une quarantaine d’années dans l’enseignement) ne plaide pas en sa faveur.
Cette belle expérience peut en effet être sa grande faiblesse, dans un contexte où l’électeur est de plus en plus enclin à renouveler la classe politique. Les résultats du second tour des Municipales peuvent en témoigner. Rappelons que Josette Borel-Lincertin aura 80 ans en août 2021.
Le salut peut aussi venir d’une alliance
Le choix de la tête de liste des Socialistes ne sera donc assez délicat. Cela dit, dans la perspective d’une liste d’alliance avec d’autres organisations comme la Frapp d’Eric Jalton, le Paréé de Georges Boucard, le PPDG de Jacques Bangou et de Christian Baptiste, les Verts de Christian Civilise, et d’autres encore, il n’est pas dit que la tête de liste des Socialistes sera privilégiée. Et cela, même s’ils partent avec un coup d’avance, avec un projet dont la construction est déjà bien avancé. Les discussions vont donc se poursuivre de manière intensive tout au long de ces prochaines semaines. Et c’est bien normal. Une élection régionale ne se prépare pas à la légère.
MG