Victorin Lurel à l’offensive
Neuf d’entre eux étaient initialement candidats à la candidature. Finalement, après des consultations internes, deux personnalités tenaient la corde : Josette Borel-Lincertin et Jocelyn Sapotille. Ce dernier, sous la menace d’un recours de Reinette Juliard au Conseil d’État, pour obtenir son inéligibilité et avec des résultats contestables de sa gestion municipale et intercommunale entre 2014 et 2020, a jeté l’éponge. Il ne reste donc plus que Josette Borel-Lincertin, bientôt octogénaire mais créditée d’un bon bilan à la tête du Département. Pourtant, aucune annonce officielle n’a été faite jusqu’ici. Ce qui peut vouloir dire que la porte reste encore ouverte.
En attendant, les Socialistes sont plus que jamais à l’attaque, par la voix de leur leader charismatique, très offensif sur le bilan du président sortant. Chacun a pu le voir dans l’hémicycle de la Région, lors de la plénière de vendredi dernier, car c’est bien ce bilan qui est au cœur des débats.
On sait déjà qu’Ary Chalus briguera un nouveau mandat. Il sera donc amené à défendre l’action menée depuis 2015, à laquelle les élus de la majorité sont bien sûr associés. Et parmi eux évidemment, le premier vice-président Guy Losbar, qui aurait choisi la fidélité à Ary Chalus. Le président de Guadeloupe unie solidaire et responsable (GUSR) n’aurait pas à sortir son attirail de campagne. Du coup, il risque d’être éclaboussé par ce bilan. De l’avis de l’opposition socialiste, l’équipe d’Ary Chalus n’a en rien changé l’avenir des Guadeloupéens, comme la promesse avait été faite en 2015. Bien au contraire. Mais qu’importe ! La stratégie du maire de Petit-Bourg et président de la communauté d’agglomération Nord Basse-Terre est probablement de se tourner vers un horizon départemental. Ainsi il pourra préparer un autre avenir institutionnel, sans se fâcher avec son président, qui a promis qu’il ne briguera pas un troisième mandat régional.
Cette stratégie de renonciation serait donc un soulagement pour Ary Chalus, bien décidé à se battre pour conserver son fauteuil. Et ce n’est pas la menace (tardive) de procès, brandie par son prédécesseur à la Région, le sénateur Victorin Lurel, pour financement illicite de la campagne électorale régionale de 2015, qui viendra ébranler son assurance.
A moins que faute de meneur faisant l’unanimité, Victorin Lurel revienne sur sa décision du 25 janvier dernier. Cela voudra aussi dire que le PS n’a pas préparé sa relève.
Autre possibilité : trouver un leader issu en dehors des rangs socialistes dans le cadre d’une alliance avec leurs partenaires habituels.
Éric Jalton, après sa réélection triomphale à la mairie des Abymes et compte tenu de la puissance de Cap Excellence, pourrait être la solution, mais il semble avoir d’autres préoccupations.
Le député Max Mathiasin, avec le concours du Parti autonome réformiste écologique éducatif (Paréé), de Georges Boucard, ancien directeur de cabinet d’Éric Jalton, reste toujours une option mais il ne faudra pas compter sur le soutien de Victorin Lurel, qui a la rancune tenace.
Christian Baptiste peut-être ? Mais il y a tant à faire à Sainte-Anne pour (re)construire sa commune et pour affaiblir l’opposition.
Caraïbe écologie-les Verts, de Christian Civilise, semble vouloir y aller seul, mais c’est sans doute pour peser davantage dans les négociations.
Ces alliés potentiels ne peuvent plus compter sur le leader d’une 3e mouvance écologiste, le Rassemblement écologiste et volontariste (Rev-Guadeloupe) d’Harry Durimel, nouveau maire de Pointe-à-Pitre. Ce dernier est contraint de continuer à avancer du même pas que sa première adjointe, Tania Galvani, fidèle du GUSR et d’Ary Chalus.
En somme, c’est une adversité plus affaiblie qu’il y a six ans, qui se présente face à Ary Chalus. Ce dernier malgré ses multiples erreurs de communication reste populaire et sait être populiste quand il le faut.
Dans ce contexte, les souverainistes du Cippa d’Alain Plaisir, du Parti communiste d’Alain Flémin et d’Alyans nasyonal Gwadloup avec ses jeunes cadres (Nathalie Minatchy, Vincent Tacita, Wonal Selbonne, Laurence Maquiaba) peuvent jouer une belle carte.
Alliés, ils peuvent entrer dans l’hémicycle régional pour continuer à faire passer leurs idées et relancer les débats sur l’évolution institutionnelle. L’environnement socio-politique est très favorable mais réussir à convaincre l’électorat à tourner le dos aux grosses organisations autour de GUSR-En Marche et du Parti socialiste, pour un changement politique radical, est une autre affaire.
Il est également annoncé la participation d’une liste du Rassemblement national, conduite par la députée européenne, Maxette Grisoni-Pirbakas, dont les chances restent extrêmement minimes, malgré une progression régulière du parti de Marine Le Pen sous nos latitudes.
Les prétendants n’ont pas beaucoup de temps pour fourbir leurs armes mais l’éventualité d’un nouveau report de ces élections n’est pas à écarter. Tout dépendra de l’évolution de la pandémie de Covid-19 sur le territoire français.